Après avoir été ballotée de gauche à droite, j’étais serrée contre des centaines de voitures, toutes les mêmes… J’avais le sentiment d’être anonyme. On était au bas mot 7 000 véhicules. J’étais pressée d’arriver, je me sentais compressée. Nous avons tout de même mis 12 jours pour traverser l’Atlantique ! Quand nous avons débarqué, j’ai été parqué sur un quai à Halifax. J’ai enfin pu retrouver mes globe-trotteurs. Ils avaient le sourire aux lèvres et sautaient à pieds joints ! Je pense qu’ils étaient heureux et soulagés de me retrouver. Bon, en même temps, moi aussi ! Quel plaisir de s’aérer et d’être à nouveau ensemble… Les premiers pas, enfin devrais-je dire les premiers tours de roue, me semblaient encore hésitants. D’accord, tous mes éléments m’avaient été retirés : mon gaz, mon carburant. Heureusement j’avais encore de l’eau pour mes assoiffés ! Quand je suis arrivée dans Halifax, tout me paraissait énorme. En France, je suis une des plus grandes ! Ici j’ai le sentiment d’être un petit moustique… Tout est démesuré. Quand ils sont revenus avec leurs courses, les conditionnements étaient énormes ! Et encore, je les entendais dire : « j’ai pris le plus petit ! ». Mes pauvres placards… Ils m’ont fait dormir la première nuit sur le parking du Walmart. Imaginez, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit tellement le va-et-vient est incessant. Ouvert de 6h30 à 23h… Mais qui peut bien faire ses courses le soir ? Sur ces parkings, je retrouve plein de cousins ainsi que des gros camions qui passent la nuit. Ces derniers sont très bruyants, ils laissent le moteur allumé pour avoir la clim… A quoi ça sert ? Moi je ne l’ai pas… en plus il ne fait pas si chaud.
J’ai commencé à avaler les kilomètres. Ce qui m’a surpris, ce sont les distances. Les autoroutes ici sont toutes gratuites…
L’accueil des Canadiens est une chose assez marquante pour mes occupants. Ils se pressent pour leur rendre service, les aiguiller ou simplement pour dialoguer. Ils sont aussi surpris de me voir ici, que moi lorsque j’ai foulé le sol canadien. Le hasard des rencontres fait de très beaux souvenirs !
J'ai la sensation d'être unique ! Mais n'ayez crainte, je n'enfle pas du pare-choc... J'aime les regards que l'on pose sur moi, je commence à apprécier.
Après avoir avalé quelques 1 000 kilomètres, coup de théatre ! Mais que se passe-t-il ? J'ai le sentiment d'avoir une conduite plus douce et légère depuis Québec. J'ai appris que Franck ne pouvait plus caresser mon volant et taquiner mes pédales... Tant pis ! Il admire le paysage !
Après quelques jours passés au calme à Bécancour, je me suis retrouvée en plein Montréal... La transition a été dure ! Heureusement, mes voyageurs ont eu pitié de moi, ils m'ont laissé sagement en périphérie et ont pris le métro. Par contre, j'ai appris qu'ils avaient foulé le sol du mythique circuit automobile de Montréal... Je me voyais déjà avec ma capucine au vent, roulant à 30 km/h maximum (autorisé) !
Parlons du paysage : au Québec, je voyais des villes et villages. Nous venons de passer en Ontario, et mis à part l'autoroute déformée et les forêts il n'y a rien !!! Et dire que nous allons bientôt atteindre les prairies à perte de vue du centre du Canada...