La veille de quitter le Guatemala, Céline tente de payer quelques courses dans un supermarché mais la carte provisoire de paiement fournie par Visa ne fonctionne plus... Mystère. C'est sûrement leur terminal de paiement qui est défectueux, pense-t-elle. Elle essaie de retirer des espèces, impossible. Là, c'est étrange. Tôt le matin, avant le grand départ pour le Salvador, elle appelle le service Visa avec Skype, sur l'Ipad. La connexion n'est pas très bonne et la discussion hachée... Le monsieur cherche la cause du problème et ne trouve aucun refus de paiement. Il tient finalement la solution : nous avons demandé aux parents de Céline d'effectuer un retrait avec les deux cartes bleues avant de nous les envoyer, pour ne pas être bloqués à l'étranger. Nous aurions eu l'air bien ! Mais en activant la carte Visa Premier, cela bloque la carte provisoire de paiement, pour des raisons de sécurité... Ce n'est pas possible... Plus de carte bleue jusqu'au Costa Rica. On va faire comment ??? Nous avons quelques centaines de dollars avec nous, heureusement. Et les Castagna se proposent de nous dépanner si nous en avons besoin. Nous les rembourserons ensuite. Dès notre arrivée au Costa Rica, les parents de Céline nous font un virement Western Union (en devise locale), le temps que les cartes arrivent... Pour information aux futurs voyageurs, le retrait d'espèces pour débloquer une carte neuve peut avoir lieu à l'étranger.
Allez, maintenant, c'est parti pour le marathon express... Nous partons en convoi avec les Castagna et prévoyons de traverser le Salvador, le Honduras, le Nicaragua et d'entrer au Costa Rica en 4 jours. Deux douanes par jour (sortie d'un pays et entrée dans le suivant), route tout le reste de la journée... Il fait très chaud. Les enfants supportent difficilement ces conditions mais les acceptent tant bien que mal. A la clé, le Costa Rica où nous pourrons nous reposer. Nous sommes presque à court d'eau potable... un litre pour dix ! Ouf, nous trouvons un supermarché et faisons le plein de grosses bouteilles (10 litres). C'est quand on frôle les limites qu'on se rend vraiment compte que l'eau, c'est la vie...
Au Salvador, nous dormons chez les pompiers ! Au Honduras, chez les policiers ! Et au Nicaragua, sur une grande place devant l'église ! Nous récupérons un peu mais il fait très chaud.
Le quatrième jour, nous entrons au Costa Rica, soulagés d'avoir passé cette zone réputée dangereuse. Nous n'avons rencontré aucun problème mais nous ne nous sommes pas attardés.
Nous filons directement sur San Jose, la capitale, pour voir un garagiste et commander les pièces aussi vite que possible. La visite du Costa Rica, ce sera pour plus tard. Nous nous rendons chez Ford qui est surbooké et veut nous fixer un premier rendez-vous de diagnostic dans une semaine... Trop long ! Il faut que ça avance, sinon on ne s'en sortira jamais.
Il faut aussi faire une lessive, c'est urgent ! Derrière nous patiente Béatrice. Elle vit depuis 56 ans au Costa Rica ! Nous lui demandons conseil pour un bivouac. Son fils Christian est dans la voiture. Ils nous emmènent tous deux dans une rue pavillonnaire tranquille, non loin de l'ambassade de France. Au fil de la discussion, Christian nous propose son aide et nous oriente vers un garagiste spécialisé dans les freins. Ils vérifient l'état des disques, nous pouvons encore rouler.
En parallèle, Céline a un petit souci de santé. Elle consulte dans une clinique. Plus de peur que de mal, tant mieux.
Il nous faut aussi trouver une adresse sécurisée pour que les parents de Céline nous envoient les cartes bleues. L'ambassade de France accepte de les réceptionner, tout comme nos pièces autos. Nous y rencontrons Mariana, une femme adorable qui a étudié au lycée français avec Christian !
Un dernier sujet à régler. Au moment de notre première commande de freins à Tulum, nous avions payé deux fois (virement international puis Paypal parce que le virement n'arrivait pas). Nous contactons donc Rockauto pour qu'ils nous fassent un avoir du trop-perçu. Ils ne trouvent pas trace du virement, ils font des recherches...
La fatigue... le stress... le manque de sommeil et les difficultés à dormir en raison de bivouacs bruyants... les freins... les cartes bleues... la santé... C'en est trop pour Céline qui est épuisée nerveusement et physiquement. Elle craque. Depuis Tulum, la famille traîne un boulet qui empoisonne le quotidien. Elle a l'impression de gérer plus de problèmes que de prendre du plaisir dans le voyage. Franck confie qu'il a lui aussi du mal à reprendre du plaisir dans le voyage. Le voyage, ce ne sont pas des vacances... C'est un mode de vie nomade qui comporte ses propres difficultés : trouver un bivouac presque chaque jour, faire l'école, entretenir et réparer le camping-car, trouver une laverie, etc... Sans parler des tensions qui apparaissent dans ce petit espace. Il faut chaque jour s'adapter à des situations différentes, prendre rapidement de nouveaux repères. Quand le voyage se passe normalement, tout ceci est très plaisant. Mais quand la fatigue pointe le bout de son nez, tout est plus compliqué. L'équilibre que nous avions trouvé nous convenait. Rien n'est plus comme avant. Quand tout s'en mêle, tout s'emmêle... A quoi bon continuer ainsi ? Avant de prendre une décision, Céline contacte trois anciennes familles de voyageurs qui lui répondent dès le lendemain. Ils ont également connu des périodes de découragement, de fatigue et d'incertitudes. Ils trouvent les mots qui rassurent, qui réconfortent et remotivent. Un grand merci à vous amis voyageurs ! Le passage de l'Amérique Centrale semble aussi être un moment difficile pour pas mal de voyageurs. Une remise en question. Un cap. Deux familles nous recommandent de nous poser un peu sur la plage de Punta Uva, sur la côte Caraïbes. Et si nos problèmes de freins nous invitaient à ralentir notre rythme ?
Une fois réglé tout ce que nous avons à faire dans la capitale, nous faisons le plein de gaz et de courses et nous prenons la route de Punta Uva. Le temps est maussade mais l'environnement est très beau. Nous sommes au calme et c'est tout ce dont nous avions besoin. La mer est un peu agitée à cause du vent et nous respirons à pleins poumons. Nous passons de longs moments à admirer la vue. Que ça fait du bien ! Nous nous installons sur un bel emplacement où nous pouvons accrocher le hamac, tendre le fil pour faire sécher le linge, avec de l'ombre à certains endroits mais aussi du soleil pour recharger les batteries grâce aux panneaux solaires.