Qu'est-ce qu'un besoin ? C'est en Bolivie que j'apprends cette définition...
Je ne parle pas d'un besoin matériel, futile, dont je me passerais bien... des phares halogènes, un pare-buffle ou autre customisation... Je suis bien comme je suis. Non, je parle d'un besoin vital. Je le découvre au fur et à mesure de ma progression dans ce pays qui me fascine tout de même.
Ce besoin, c'est mon breuvage quotidien, le gasoil. Non pas que je sois une consommatrice hors norme, mais sans gasoil... j'avance pas ! Et ça, même avec la meilleure volonté du monde. Oui, je vous vois venir ! Non, je ne suis pas prête à tenter l'huile de friture pour voir si ça fonctionne... Rien de tel qu'un plein à ras bord avant d'entrer en Bolivie...
Le besoin se fait sentir. Effectivement, avant une panne sèche, c'est à mon tour de découvrir la dure réalité bolivienne qu'ont subi les autres voyageurs. Grâce à la ténacité de mes globe-trotteurs, cette première entrée en matière est plus ou moins facile pour obtenir mon nectar, à prix raisonnable. Pour réitérer cet exploit, c'est plus compliqué.
Difficile de maîtriser mon besoin. La nécessité de combler mon réservoir tous les 500 à 600 km, dans des conditions acceptables, s'avère fastidieux.
Quand il toque à la porte, il faut l'écouter pour avancer dans le voyage. Cette phrase que j'entends souvent : "j'ai besoin de...", eh bien moi, ici, je la hurle. Je vois des stations à tous les coins de rue. Je peux même humer le pétrole tant je suis proche. Je suis comme une enfant dans un magasin de confiseries sans possibilité d'en avoir...
Je ruse en faisant un détour par le Chili, mais que de kilomètres parcourus... Je termine mon périple dans ce pays par le salar d'Uyuni, seule parmi les étoiles avec la jauge garnie. Je suis heureuse de faire craquer le sel sous mes roues. La blancheur du désert laisse apparaître ma beauté éclatante. La chaleur du soleil et la fraîcheur de la nuit exercent un contraste me laissant une douceur de vivre et une certaine zénitude. J'ai besoin de liberté...