Nous quittons les découvertes de l'histoire et du patrimoine pour faire une petite parenthèse à Hierve el Agua, afin de nous ressourcer...
Une longue route nous emmène à Oaxaca mais nous prenons l'autoroute. Heureusement... Nous ne trouvons pas d'endroit tranquille où nous garer pour la nuit, nous nous arrêtons dans une Pemex (station service). Première fois que nous avons recours à cette solution pour passer une nuit sécurisée. Mais la station-service est au carrefour de 4 feux, les voitures klaxonnent tout le temps... donc vers 21h, nous nous rabattons au Bodega Aurrera à côté (supermarché). La nuit est à peu près correcte !
A des milliers de kilomètres de notre vieille France, à Oaxaca, où un soulèvement du peuple mexicain a eu lieu il y a quelques années pour une cause juste, nous apprenons par internet la triste nouvelle qui ébranle notre pays. Loin d'une revendication rationnelle, loin d'une "cause juste", un acte d'une rare violence met notre France en émoi, et nous également. Nous pensons fort aux victimes et à notre France si fragile lorsque le terrorisme s'abat sur elle.
Nous montons à Monte Alban, un site archéologique posé sur une colline surplombant la vallée d'Oaxaca, très différent de Téotihuacan. Cette ville zapotèque a été un important centre politique, économique et spirituel, essentiellement à son apogée entre 350 et 550 après JC. D'autres peuples ont utilisé cette ville, introduisant chacun ses propres influences culturelles et architecturales. Les bâtiments, une douzaine, sont organisés autour d'une grande place centrale. Le jeu de pelote, toujours présent dans ces villes archéologiques, n'a pas toujours la même règle puisque suivant les sites, il dispose d'un anneau où lancer la balle, ou non.
Afin de voir une église "différente" et haute en couleurs, nous partons pour Tonantzintla. Nous traversons Cholula et il nous faut demander notre chemin à 2 personnes différentes car aucun panneau n'indique la direction, notre GPS encore moins. A la sortie du périphérique, un policier nous fait signe de nous arrêter. Premier contrôle... Il demande nos papiers et nous faisons mine de ne pas comprendre. Franck présente la copie de son permis de conduire international, en couleur et plastifiée. Mais il veut aussi la carte grise du véhicule. Nous lui fournissons une copie qui ne le satisfait pas. Il veut l'original. N'étant pas certains d'avoir à faire à un vrai policier, nous ne sortons pas les originaux des documents. La discussion s'éternise, il menace de nous mettre une amende. Nous sommes prêts à le suivre au commissariat mais il fait durer les choses en répétant qu'il lui faut l'original... Nous prenons notre petit dictionnaire et glissons à l'intérieur un papier destiné aux touristes (à remplir si nous estimons que nous faisons l'objet d'un abus de la part d'un policier). Céline voit qu'il observe le papier... Au bout de 15 minutes, son collègue au loin lui fait signe de nous laisser partir. Franck lui serre même la main ! Il voulait très probablement "una propina" (pourboire...).
Un peu énervés mais contents de nous malgré tout, nous arrivons à Tonantzintla. Il est trop tard pour visiter l'église. Céline va demander à un habitant de la rue attenante si nous pouvons dormir dans la rue en sécurité. Armando nous offre son terrain pour la nuit et nous propose aussi de l'eau. Youpi ! Une douche ! Après une nuit au son bruyant des cloches de l'église, nous la visitons. Elle est plus qu'originale : des saints, des anges et autres personnages par centaines tapissent murs et voûtes. Des fleurs, des fruits, des arabesques dorées. Une église très chargée... voire surchargée !
La suite de notre parcours passe par Puebla où nous nous arrêtons 2h, surtout pour aller voir la bibliothèque Palafoxiana. Les filles trouvent tout de suite une ressemblance avec l'école d'Harry Potter ! Elle est superbe. Puis nous faisons le tour du zocalo, c'est toujours l'ambiance de Noël. Il y a une patinoire et un endroit où les enfants créent des bonhommes de neige, ou plutôt des bonhommes de glace ! Ils ont à leur disposition une glace... pilée. Ils sont heureux !
Nous redescendons par le bon versant, bien plus accessible que la route de l'aller. Arrêt au village car il y a le marché. Nous aimons nous fondre dans la vie des habitants, notamment au marché. Tous les regards se posent sur nous, intrigués de nous voir entrer dans les allées. Quand nous les saluons, les visages s'éclairent, grand sourire aux lèvres. Parfois même, nous entendons un "hello !", auquel nous répondons en espagnol que nous sommes Français ! Avons-nous des têtes d'Américains ?
Direction Téotihuacan, notre premier site archéologique. La distance étant grande, nous faisons la route en 2 fois. Arrivés à la ville-étape, à l'ouest de Mexico, un climat d'insécurité nous fait renoncer à dormir ici. C'est la première fois que nous ne nous sentons pas à l'aise. A 17h30, nous décidons de repartir pour aller aux portes du site. La route est longue et dure, nous contournons Mexico à la nuit tombée. Pour une fois, merci au GPS qui nous a bien guidés, ce qui n'est pas toujours le cas ! Nous arrivons épuisés mais soulagés, à 200 mètres de l'entrée du site, dans une zone pavillonnaire très calme et sûre ce coup-ci. Nous repoussons notre visite à lundi et profitons du dimanche pour nous mettre à jour sur l'école, le site internet, etc... Après une journée très agitée, ça fait du bien de se poser un peu !
La visite de Téotihuacan est très attendue par la famille. Hier, nous avions en point de mire la fameuse pyramide du Soleil... La cité fut l'une des villes les plus importantes de cette partie de l'Amérique entre l'an 150 et 450 et couvrait 20 km² pour environ 150 000 habitants. A la première heure, nous voici face à la pyramide de la Lune, un édifice imposant donnant sur une place autour de laquelle les temples sont symétriques. Nous montons sur cette première pyramide, la vue est belle. Nous sommes presque seuls sur le site. Face à la pyramide de la Lune, la chaussée des morts s'étend sur 2 km et est parfaitement alignée. La pyramide du Soleil est très haute, nous avons compté les marches ! 230 !!! Sachant que la hauteur des marches est différente d'un niveau à l'autre... la montée est dure et raide... Mais quelle vue incroyable de là-haut ! La façade principale est orientée pile en face du point où disparaît le soleil. L'architecture a été judicieusement conçue et les connaissances que les habitants avaient à l'époque en mathématiques et astronomie nous impressionnent. Ce site est magnifiquement conservé.
Il fait froid à cette altitude. On nous assigne un guide d'un certain âge, Carmel, calme et très gentil. Le dialogue s'instaure tranquillement, sourires et gestes aidant quand les mots manquent. Malheureusement, le temps est trop froid et les millions de papillons monarques se collent les uns aux autres pour se tenir chaud. Il est nécessaire que le soleil les réchauffe pour qu'ils s'envolent. Seuls quelques-uns sont posés sur un rocher près de nous. Déception pour nous tous, c'est dommage. De retour au parking, les enfants se ruent à nouveau sur nous, Franck les déstabilise et retourne leurs questions : "dinero para mi ?" (de l'argent pour moi ?). Nous échangeons un peu avec eux puis leur offrons quelques bonbons. Ce n'est pas grand chose mais ils sont heureux.
Un bon tronçon de route nous attend pour rallier les papillons monarques dans le Michoacan... Nous le faisons en deux fois, avec une halte dans une ville qui semble tranquille. Nous demandons aux habitants qui nous confirment que nous pouvons dormir dans une rue du centre. A minuit, alors que nous sommes tous couchés, ça tape à la porte... Police ? Enfants qui font une farce ? Franck fait un bond, ouvre la porte et tombe nez à nez avec un grand malabar, un grand verre de Tequila dans la main... et déjà pas mal de Tequila dans le sang, qui vient demander de la bière ou de la Tequila... L'échange est courtois et comique mais il faudra que sa famille vienne le chercher pour retrouver la couette !
Nous terminons notre ascension vers Angangueo à plus de 3 000 mètres d'altitude. Deux sites accueillent les papillons monarques. Nous avons loupé la route pour celui d'El Rosario et arrivons au second. Les habitants nous confirment que nous ne sommes pas au bon endroit... Nous redescendons et une dame nous indique le chemin. Nous empruntons une ruelle escarpée, raide, en double sens (nous croisons deux voitures...) où un seul véhicule passe, avec des topes en côte... Il faut jongler entre le bord de la route et les autres véhicules, on prend une grande respiration et ça passe... A faire pâlir les routes de San Francisco ! Arrivés en milieu d'après-midi, nous décidons de repousser la visite à demain matin. Plusieurs enfants proposent de garder le véhicule pour quelques pesos, ou demandent de l'argent tout simplement. Nous refusons car nous ne sommes pas à l'aise avec l'idée de payer des enfants. Nous achetons quelques fruits et légumes à un marchand ambulant puis montons jusqu'à l'entrée du site. Des dizaines de pagotes tout au long du parcours vendent des tacos, des cocos, des souvenirs. Nous dormons sur le parking et à la première heure nous montons voir les papillons monarques.
La journée n'est pas terminée, nous sautons dans la Brimobile, direction San Miguel de Allende, à 1h de là. Nous trouvons un bivouac tranquille dans une rue.
Le lendemain, c'est le réveillon du jour de l'An et nous choisissons de nous stationner dans un camping pour être au calme ce soir de fête. Nous sommes à 10 minutes du centre-ville. Une lessive, des courses pour le soir et nous retournons au camping-car pour voir nos familles en vidéo. Il n'est que 17h pour nous quand nous leur souhaitons une BONNE ANNEE !!! Tenue de fête oblige, enfin tenue de voyageurs en fête ! Des petits plats pour le dîner puis nous sortons nous promener dans San Miguel by night. Sur la place centrale, des mariachis poussent la chansonnette auprès d'un couple tandis que d'autres attractions attirent le public. Les imposantes cloches de la Parroquia de San Miguel Arcangel sonnent pendant de longues minutes et la musique se fait entendre aux quatre coins de la ville. Nous terminons la soirée dans la Brimobile.
Le 1er janvier, nous nous baladons encore dans les rues de San Miguel, tout est calme.
La suite du programme : Guanajuato, une ville coloniale à 300 km de là. Il nous faut une bonne partie de la journée pour y parvenir... Cette ville ayant des rues assez étroites et un réseau souterrain où il est facile de se perdre, nous ne nous y aventurons pas avec la Brimobile et la laissons au calme dans un RV park.
Notre plan sous le bras, nous nous engouffrons dans cette ville construite sur des collines, tout y est serré, entrelacé, un vrai labyrinthe. Un plaisir pour flâner, un cauchemar pour les automobilistes... Les maisons sont très colorées et nous arpentons les rues pour découvrir la basilique Notre Dame de Guanajuato, le Jardin de l'Union, la ruelle du baiser (les balcons sont si proches que les amoureux peuvent s'embrasser), le marché Hidalgo, le monument de Pipila qui surplombe la ville et auquel nous avons accédé en funiculaire avant de redescendre à pied. Une belle journée bien remplie ! Maintenant, il faut rentrer... Nous sommes bien au bon endroit et des dizaines de bus défilent devant nous sans que le nôtre ne soit indiqué. Après trois quart d'heure, le voici !
Après une bonne nuit, nous nous préparons pour prendre le bus, ce qui va être folklore. Plantons le décor : un bus d'un âge avancé, une boite de vitesse défectueuse avec les fils qui sortent, les portes ne ferment pas correctement, et les suspensions... il n'y en a pas ! Sur le pare-brise sont écrites les différentes destinations du bus... Nous voilà partis pour une demi-heure de transport en commun version mexicaine ! Nous n'avons pas bien compris ce que la propriétaire du RV park nous a indiqué sur un papier. Nous pensions que c'était notre destination dans le centre-ville alors que c'était la direction à prendre pour le retour... Nous faisons donc un tour complet avant d'arriver enfin dans le centre-ville.
Après une bonne nuit, nous faisons école le matin, porte ouverte, quand un homme vient à notre rencontre. Richy nous convie à participer à une fête pour les enfants, avec une course. Malheureusement, nous ne comprenons pas l'heure de la course et arrivons une fois qu'elle est terminée... Mais la famille est accueillie les bras ouverts : il y a des sandwichs pour les enfants et de nombreuses piniatas à casser... Un ballon est même offert à chaque enfant. Les habitants discutent avec nous malgré notre espagnol hésitant. Ils n'ont pas l'habitude de voir de petites têtes blondes ! Que nous sommes chanceux de participer à des fêtes de village et de nous fondre dans la vie mexicaine !
Nous restons deux jours à Ajijic à nous promener dans les ruelles, au bord du lac, à nous laisser porter par le rythme tranquille des lieux.
Guadalajara est la seconde plus grande ville du Mexique après Mexico... Zen, tout va bien se passer ! Nous faisons une halte pour faire réparer notre pneu. Réparation extra, remontage du pneu, regonflage de tous les autres pour la modique somme de 4,50 euros ! Il est 13h, nous reprenons la route et la circulation se densifie. Très difficile de se garer dans une grande ville... Il est 14h, il commence à pleuvoir... Quand va-t-on déjeuner ? Où va-t-on dormir ce soir ? Trop d'interrogations et le temps passe, nous décidons de ne pas visiter la ville et d'aller à l'étape suivante, Tlaquepaque, un joli village en périphérie de Guadalajara d'après le guide du routard. Finalement, ce n'est pas un village mais une ville... et nous ne trouvons pas le beau centre historique... Il est 15h et nous faisons quelques courses pour déjeuner vite fait. Fatigués, nous écartons l'idée de visiter cette ville et reprenons la route pour Ajijic au bord du lac Chapala. Nous avons les coordonnées GPS d'un bivouac (merci les Ensemble Autrement !). Soulagement, la petite ville est très agréable et le lac nous repose dès l'arrivée. La promenade au bord du lac est tranquille, il y a des jeux pour enfants et un skate park. Les filles sortent leurs trottinettes, heureuses comme tout ! Nous sommes samedi soir, des Mexicains fêtent un anniversaire ici pendant que d'autres prennent du bon temps par là... L'ambiance est détendue. Les mariachis (groupes de musiciens traditionnels) jouent des morceaux pour le plus grand plaisir des spectateurs. Nous respirons, nous sommes bien.
Nous quittons les côtes du Pacifique pour rentrer dans les terres. La carte est remplie d'annotations et de villes surlignées... Notre chemin se dessine... Nous sommes heureux et happés par l'attrait de la nouveauté. Que nous réserve le Mexique, le vrai ?
Nous survolons la ville de Tequila, ville emblématique de la célèbre liqueur, et nous arrêtons un peu plus loin à l'hacienda San Jose del Refugio d'Amatitan. L'hacienda est magnifique avec ses cours ombragées, ses patios... La distillerie est ancienne et authentique. Visite complète et dégustation !
L'excitation commence à se faire sentir... Les questions posées pendant le dîner : mais comment le père-Noël va-t-il trouver la Brimobile ??? Et par où va-t-il passer pour déposer les cadeaux ?
Précisons que le père-Noël au Mexique est habillé comme chez nous ! Et que les dessins réalisés par les enfants incluent des bonhommes de neige alors qu'il n'en tombe pas un flocon ici !!! Incroyable de retrouver les mêmes symboles !
Nous laissons la fenêtre de la salle de bains ouverte et allons nous coucher...
Le réveil est brutal ! Même le soleil est sonné... Il n'a pas eu le temps de sortir vraiment de sa tanière... Il n'est que 6h15... "Le père-Noël est passsssééééééééé !!!" Ouf ! Même à l'autre bout de l'océan, il a trouvé notre casa rodante ! Les filles déballent leurs paquets à une vitesse fulgurante. Constat, une fois de plus cette année, il a fait le bon choix, mission réussie !
Nous profitons de ce 25 décembre pour nous prélasser au soleil une dernière journée... Franck démonte le pneu avant droit qui se dégonfle depuis qu'un clou est venu s'incruster en Baja California et le remplace par la roue de secours. Nous rencontrons aussi Jean-Luc et Marceline, un couple de Français établis du côté de Mexico depuis 7 ans. Bons plans, astuces, conseils ! Un agréable échange !
Allez hop ! Terminus, tout le monde descend ! Nous regagnons la terre ferme à Mazatlan. Un rapide coup d’œil à gauche, à droite... et c'est parti pour quelques kilomètres. Nous sommes le 23 décembre et nous avons décidé de rallier Chacala à 350 kilomètres d'ici pour y fêter Noël au bord du Pacifique. Nous avalons les 300 premiers kilomètres en 6 heures et bivouaquons sur la place d'un village, peu après San Blas. Pas le temps d'arriver à Chacala et la nuit tombe. Ici au Mexique, il faut calculer les distances en temps et non en kilomètres ! Nous nous dégourdissons un peu les jambes en faisant un tour dans le village après tout ce temps passé à rouler... Nous profitons d'un restaurant pour manger à notre faim sans pour autant nous ruiner : quesadillas, tacos, etc...
Les premiers paysages du continent sont très différents de ceux découverts en Baja : très verts et vallonnés avec des bananiers et des palmiers.
Sur notre route le 24 décembre, nous prenons plaisir à acheter des fruits et légumes sur les étals des villages. Nous arrivons à Chacala, un petit village de pêcheurs, reculé mais très vivant. Ce village a parié sur le tourisme restreint, une ruelle seulement est consacrée aux magasins de souvenirs, alimentation et autres. Nous nous trouvons un petit coin de paradis pour Noël, entre deux palmiers, face à la mer... Le seul bruit sera celui des vagues... Nous nous rendons directement chez un pêcheur pour acheter du poisson frais. Nous sommes fin prêts pour fêter comme il se doit le réveillon de Noël ! Nous prenons le temps d'aller piquer une tête dans l'océan avant de préparer le repas. L'eau est chaude... Quel décalage avec les températures en France !
Le repas est à la carte ce soir (nous n'avons ni saumon fumé ni foie gras !) : guacamole et tostadas pour l'apéritif, crêpes pour les filles, poisson pour les parents et crumble aux pommes en dessert !
Les portes du pays aux mille couleurs
du 23 décembre 2014 au 8 janvier 2015
2 174 kilomètres parcourus
L'aventure, c'est ouvrir de nouvelles portes, la bouche fermée
et les yeux grands ouverts... (B. Kingsolver)