Je suis épuisée... Je suis sur les rotules... Un grand bol d'air me ferait un bien fou. Quand je pense que je suis sortie de l'embarcadère il y a 15 jours, j'étais aussi fraîche qu'au premier jour. Qui plus est, après la Baja California, j'avais soif de découvrir le continent. Mais c'était sans compter sur mes énergumènes, mes fous, mes globe-trotteurs... D'accord, je les adore, mais ils font chauffer mon moteur, brûler de l'essence, heureusement que je reste à niveau.
Que faire lorsque 3 petits anges demandent : « Pour Noël, on veut des palmiers, du soleil, la mer et du calme ! » C'est ainsi que commence mon trail... Je les emmène donc à Chacala, un petit village de pêcheurs où tout est idyllique. Moi je suis à l'ombre des palmiers pendant qu'ils barbotent dans la mer. On plie bagage après 2 jours de farniente. Si le continent est ainsi, je vous emmène où vous voulez ! Erreur... Tourne ta courroie accessoire 7 fois avant de démarrer... Les paysages sont totalement différents. Finis les paysages arides, ici la forêt est luxuriante : des palmiers, des bananiers poussent par dizaines. La route est sinueuse. Je pars en direction des villes coloniales. Je laisse derrière moi la mer pour me plonger dans Tequila... Euh, la dégustation, c'est pour qui ? Oups, je m'égare encore...
Le lendemain, après une traversée dans la jungle urbaine qui ne fascine guère mes globe-trotteurs, je me pose à Ajijic, un petit village au bord d'un lac d'un calme olympien.
En repartant de là, j'appréhende la visite de cette fameuse ville coloniale aux routes souterraines et rues escarpées, où même mon GPS en perdrait le nord. Ils ont senti ma crainte, je reste pour la journée dans un RV park loin du tumulte de la ville.
La Saint Sylvestre approche et le lieu du réveillon tenu secret jusqu'à maintenant est San Miguel de Allende. Je suis garé à côté d'un charmant camion 4x4 nommé MAN, un allemand assez timide je dois dire (peut-être la barrière de la langue ?), sur une pelouse douce et tendre, un bonheur ! A ce moment-là, j'ai une pensée pour mon Globullou, Castagnette et Polo qui sont loin de moi mais dans mon cœur... enfin dans mon moteur !
Une petite parenthèse nature se profile à l'horizon, je pars pour les papillons monarques. Comment devrais-je décrire ce moment épique ? Après avoir bien roulé, j'arrive dans un petit bourg où aucun panneau ne me donne la direction d'El Rosario. Après une ascension fulgurante, jouant de la première à la seconde, mes globe-trotteurs attendent que je sois en haut pour me dire : « C'est pas le bon site ! Faut redescendre ! ». Heureusement que je suis de bonne composition. Céline demande le chemin. Sauvés, c'est là ! Heu... C'est la bonne route ? Vous êtes sûrs ? La route est aussi large que moi, plus pentue que les rues de San Francisco, avec des pavés et des topes, et elle est à double sens... Et vous croyez que ces goujats de pick-ups me laisseraient la place ? Eh bien non... Pensez-vous ! Mon ascension est interminable, je reste en première, je n'en peux plus... Ils prennent quand même soin de moi, je monte en deux fois. Quand j'aperçois le parking au loin, je n'ai qu'une seule envie, arrêter le moteur. J'arrive à peine sur celui-ci qu'une nuée d'enfants veulent me garder. C'est gentil mais je peux me garder toute seule ! Figurez-vous que le lendemain, mon GPS me propose de descendre l'autre versant beaucoup moins rock'n roll... Je sais que je suis sportive mais vous auriez pu me faire passer par là hier...
Bref, me revoici sur les routes. Entre nationales à trous et autoroutes, les kilomètres défilent lentement et les heures passent, passent, passent... Tous les deux jours, je vais à la Pemex sans avoir de coup de pompe... Moi, je voudrais bien l'éviter, mais faut quand même rouler.
Un jour pas fait comme un autre, un policier m'accoste, demande à mes occupants ma carte d'identité et la leur. Il me dévisage, fait un tour, deux tours, puis demande ma carte d'identité originale. « Sachez, cher Monsieur, que je ne donne pas ma carte aux inconnus ! Pour que vous ne me la rendiez pas... ». Après un bon quart d'heure, j'ai pas tout compris mais je crois qu'il voulait m'immobiliser et me mettre une amende... On s'en est bien sortis !
Comme je le disais, les routes sont interminables, et quand je me retrouve dans les villes aux ruelles escarpées, là c'est festival ! Je frôle des véhicules que je ne connais pas, je suis quand même timide... Au Mexique, ils mettent souvent des routes à sens unique et c'est toujours au dernier moment que je m'en aperçois, grâce au stationnement des véhicules. Désolés les copains, marche arrière toute !
Arrivée un soir à Oaxaca, ils ne trouvent pas mieux comme bivouac que d'aller dans une Pemex. Ca va pas la tête ? Ils ont perdu des boulons ? Qui plus est, je suis sur un carrefour bruyant, je ne m'entends même plus ronronner. Et bien, demain je vais être fraîche... Heureusement, ils ont presque pitié de moi et vont me garer sur un parking de supermarché. Youpi ! Avec la salle de zumba juste en face de moi... Mais à choisir, je préfère ici. C'est plus tranquille que les vieux tacots qui jouent les gros bras en usant de leurs klaxons. Là, je sature, ma jauge est au plus haut.
J'ai besoin de voir loin, j'ai besoin d'horizon, mon filtre à air d'air pur et sain, et surtout j'ai besoin de souffler. Leur décision de monter à Hierve el Agua me réjouit... ou presque... Que me préparent-ils pour la suite ???