La fin de l'hibernation gustative

Notre première incursion en Argentine nous laisse un avis partagé. Les paysages nous rappellent l'ouest américain. La population est très chaleureuse et accueillante. Et la gastronomie nous a fait beaucoup de bien ! Mais les distances sont longues...

Après deux jours, à court de provisions et le temps se dégradant, nous rangeons arcs, flèches et trottinettes et repartons. Nous avons bien apprécié cette petite pause.

Arrivés à Uspallata, impossible de continuer jusqu'à la station de ski Los Penitentes. Les chutes de neige ont bloqué la route et la douane est fermée. Nous dormons là et la route est à nouveau ouverte le lendemain. Nous filons jusqu'à la douane car la météo annonce à nouveau de la neige pour les deux jours suivants... Et nous sommes attendus à Santiago dans trois jours ! Un épais manteau blanc se dessine, cela nous rappelle la Haute-Savoie... Quelques skieurs dévalent les pistes et nous aurions bien envie de chausser les skis ! Avant l'entrée au Chili, nous consommons les derniers fruits qui nous restent et le saucisson. Pas de stress... Nous sommes prêts ! Coline perd sa dent juste avant d'entrer à la douane...

Désireux de visiter les vignobles de la région, nous nous renseignons à la Bodega Norton, un samedi soir. Le gardien nous confirme que c'est ouvert le lendemain dimanche. Mauvaise information, la gardienne est moins aimable et nous demande de faire une réservation par mail pour les prochains jours... On ne va pas attendre plusieurs jours ? Comme souvent dans le voyage, le hasard fait bien les choses. Il suffit d'un nom ou d'un point sur une carte pour se laisser aller à l'aventure. Nous discutons en famille, déplions la carte et décidons d'aller au lac Potrerillos, en direction du Chili. Assez des villes ! Nous avons besoin de souffler ! Le lac est splendide, eaux turquoises, montagnes enneigées aux alentours. Ce soir, au programme, barbecue et pop corn au calme. Le rêve ! Non... la réalité !

Ce matin, tout est prêt, nous allons saluer Luis lorsque nous découvrons son métier... Mécano ! Une aubaine pour la Brim' qui a la voix cassée depuis le nettoyage du châssis après l'escapade sur le salar d'Uyuni... En deux temps, trois mouvements, Luis décroche le klaxon. Il est rempli d'eau... Luis nous en pose un nouveau, on nous entendra correctement dorénavant !!

La nuit suivante, nous avons encore droit au cocktail détonnant musique, barbecue, rires... qui nous réveille et nous fait fuir à 3 heures du matin pour trouver une petite place dans un quartier résidentiel.

A Mendoza, nous faisons la tournée des campings qui sont plus chers les uns que les autres. Les tarifs pratiqués sont justes incroyables. Nous en trouvons un à 15 km au sud de la ville. Nous profitons de cette grande ville pour acheter des baskets à Candice. Nous nous baladons tranquillement mais l'inconvénient en Argentine, c'est que tout est fermé de 13h à 17h environ. Les rues sont désertes. Nous avons un peu de mal à nous y habituer et nous faisons avoir à chaque fois. Nous finissons la journée par une fabrique de chocolat qui laisse un souvenir mi-figue, mi-raisin à Candice... En effet, des petits sachets de chocolats sont à disposition pour la dégustation. Nous en prenons un chacun, fermé par une agrafe qui vient se planter dans le doigt de Candice... Elle hurle... Le sang coule et l'agrafe est toujours bien incrustée... Un vendeur vient à notre aide et nous dirige rapidement vers la pharmacie attenante. Franck réussit à l'ôter malgré les cris. Un petit pansement et c'est fini ! Que d'émotions !

Une petite entreprise familiale produit de l'huile d'olive à San Juan. Un sympathique monsieur nous fait visiter et nous explique les étapes de la fabrication. Nous terminons par une dégustation, bien sûr. Nous nous faisons plaisir en emportant avec nous olives et huile... Puis nous avons besoin de changer des dollars en pesos. Mais se garer au centre-ville relève du parcours du combattant. Compliqué de trouver deux places alignées ou une place en épi avec un trottoir assez large à l'arrière sans gêner les piétons... Grâce aux gardiens du stationnement municipal qui nous prennent en sympathie, nous obtenons une place qu'il ne nous font pas payer ! Nous discutons un peu avec eux lorsqu'une femme se joint à la conversation et nous propose de nous conduire dans un supermarché bon marché ! De fil en aiguille, Silvia nous demande de venir dormir devant sa maison, puis son mari Luis nous prépare le dîner. Nous partageons cette soirée simple et agréable, chacun parlant de son pays. Nous goûtons à notre premier mate ("maté"), sorte d'infusion assez forte dont les Argentins raffolent et boivent tout au cours de la journée. Certains se baladent même avec leur thermos d'eau chaude pour ajouter de l'eau dès que la tasse est vide. Il convient d'utiliser tout spécialement une tasse à mate et une paille qui filtre les feuilles au fond de la tasse.

Avant San Juan, nous nous arrêtons au sanctuaire de la Difunta Correa. Lors de la guerre de 1840, Correa part à la recherche de son mari, avec son bébé dans les bras. Elle meurt de soif, de faim et d'épuisement. Quelques jours plus tard, son enfant est retrouvé, tétant le sein de sa mère. Face à un tel miracle, les Argentins et sud-Américains viennent en pèlerinage comme nous irions à Lourdes. Ils viennent déposer des plaques d'immatriculation, des maisons miniatures ou divers objets, espérant s'attirer les faveurs du ciel. Certains montent les marches à quatre pattes, roulant une bouteille d'eau jusqu'en haut, symbolisant le calvaire qu'elle a vécu et l'eau qui lui a manqué.

Au retour, un pneu de la voiture de Laurent et Audrey crève... Nous avons bien fait de ne pas embarquer la Brimobile sur cette piste... Franck sort le cric et les outils pour aider Laurent à changer la roue. Nous terminons la journée par un café dans le camping-car et il est l'heure de se quitter. "C'est toujours quand on se fait des copains qu'il faut déjà se quitter..." disent les filles, un brin déçues. En cela, le voyage est difficile, imprévisible, irrégulier. Cela fait plusieurs semaines que nous ne croisons plus d'autres familles en long voyage et les filles sont en manque. Et pourtant, lorsqu'il y a des rencontres, elles sont toujours fortes, intenses, chargées d'une excitation et d'une émotion importantes. Nous espérons vous revoir en France, vous aussi !

Le temps se gâte... Direction le parc national d'Ischigualasto, à plus de 500 km d'ici. Rien à faire sur la route. Nous appréciions jusque là de faire de petits sauts de puce, allant de sites en découvertes, assez proches les uns des autres. Une station-service fait bien l'affaire pour la nuit, il pleut toujours sur le terrain détrempé. Cet arrêt est une simple halte et nous avons du wifi. Tout le monde dort quand, tout à coup, on tape à la porte. Franck, à peine réveillé, allume la lumière et ouvre la fenêtre de la cuisine. Une jeune femme lui pose plusieurs fois une question qu'il peine à saisir... De façon plus explicite, la femme se tourne, baisse son pantalon pour montrer ses fesses et son string ! A l'arrivée de Céline, la question change subitement : "vous auriez pas un peso ?"...

Le parc d'Ischigualasto (aussi appelé vallée de la lune) se visite en convoi de véhicules mais nous laissons la Brimobile se reposer et embarquons dans un mini-bus qui mène le groupe pour une balade de 40 km dans un décor incroyable, nous rappelant ceux des parcs nationaux américains. Dans ce cortège, nous rencontrons Audrey, Laurent, Louis, Mathilde et Jean, une autre famille française en vacances en Argentine. Au fil des arrêts, nous sympathisons et partageons nos expériences. En effet, ils voyagent depuis de nombreuses années et connaissent bien l'Amérique. Les enfants ont sensiblement les mêmes âges et sont heureux de jouer ensemble. Ce parc est un lieu où paléontologues et géologues se côtoient. Des fossiles de dinosaures ont été mis au grand jour et seule une petite partie du site a fait l'objet de fouilles.

Nous avons l'intention de visiter l'observatoire astronomique Ampimpa. Déception, il est fermé pour rénovation. Guidés par les mots du guide du Routard, nous atteignons Tafi del Valle, où l'on produit du bon fromage ! Nous pourrions presque résumer notre visite du nord-ouest argentin à une dégustation des produits du terroir ! A l'estancia Las Carreras, nous achetons deux fromages proches de nos tommes. Le lendemain, des visiteurs inattendus encerclent la Brimobile. Des ânes inspectent avec curiosité cette bête qu'est le camping-car ! Candice et Coline, craintives au début, se laissent vite tenter pour faire des caresses à ces animaux qui ne demandent que ça. L'estancia se situe dans un coin de verdure où nous pourrions rester des heures. Candice, Coline et Franck profitent de cette région où le cheval est un moyen de locomotion au même titre que l'auto pour s'adonner à une randonnée. Les filles sont aux anges malgré le froid pinçant. Après cette belle balade, notre estomac se régale de pommes de terre avec du fromage de l'estancia fondu dessus...

Après le vin, place aux fromages ! La Bodega de las cabras produit des fromages de chèvre et de vache. Les filles ont le sourire jusqu'aux oreilles... Du fro-ma-ge ! Décidément, l'Argentine comble bien nos manques alimentaires... Les chèvres sont très belles, bien soignées. Les animaux d'une manière générale sont bien traités dans ce pays. Les chevaux sont tout simplement magnifiques et à la hauteur de leur réputation.

Après avoir fait nos provisions de fromages, nous nous rendons aux ruines de Quilmes. Au petit matin, nous marchons dans cet amphithéâtre naturel où les Indiens ont bâti une ville. Grâce à cet emplacement privilégié, ils ont résisté 130 ans aux Espagnols. Les ruines sont étagées à flanc de montagne, d'où la difficulté de partir à l'assaut de la ville. Franck et Candice font la boucle complète du sentier tandis que Maëlys et Coline s'exercent à dessiner la ville et les symboles.

Nous sortons de ce superbe décor et atteignons Cafayate, village paisible entouré de vignes. Architecture coloniale, rues pavées, plaza de armas tranquille et animée à la fois. Nous visitons la Bodega Domingo Hermanos où nous ne manquons pas de déguster les crus ! Les filles trempent leurs lèvres, avec une grimace... Coline apprécie finalement le goût laissé dans sa bouche... Le blanc n'est pas au goût de Franck, au contraire le rouge attire ses faveurs ! Et Céline n'apprécie décidément toujours pas le vin...

Avec tout ça, la demoiselle est prête à continuer vers la quebrada de las conchas, une vallée magnifique cernée par d'énormes falaises aux couleurs ocres et traversée par un torrent dans le canyon. Sur le chemin, quelques curiosités géologiques : un rocher à la forme de crapaud, la garganta del diablo, etc...

Après les corvées, visite de la ville ! Nous ne tombons pas sous le charme mais elle a tout de même l'avantage d'avoir des magasins et des rues piétonnes dans le centre. Nous changeons nos dollars en pesos, dans la rue, à un taux assez avantageux. L'Argentine vit une crise économique importante et a besoin de devises étrangères, et plus encore de dollars. C'est pourquoi les touristes peuvent changer cette monnaie à un taux très intéressant au change "bleu" (presque 50 % de plus que si nous retirions des espèces au distributeur). Ca tombe bien parce qu'il nous faut changer la batterie de la cellule qui arrive en fin de vie... le bouton du frigo que Franck ne cesse de réparer depuis plusieurs mois et qui montre de plus en plus de signes de faiblesse... acheter du liquide de frein car le niveau a baissé... et remplir notre bouteille de gaz !

Termas de Reyes... Un nom qui sonne bien. Perdues dans les montagnes, au bord d'une petite route, se trouvent des thermes dans un endroit calme. Les eaux sont à 40°C, quoi de plus agréable que de barboter dans ces conditions ? Nous dormons bien sur le parking silencieux. Lorsque nous trouvons un lieu vraiment calme pour la nuit, nous n'hésitons pas à y rester 2 nuits. Bien dormir en voyage est un confort qu'il faut savoir apprécier.

A partir d'ici, l'Argentine change. Les habitations ressemblent à celles européennes, la couleur de peau se fait plus claire. La transition est progressive.

Le trajet pour Salta qui devait prendre tout au plus 2 heures est chamboulé par un policier qui nous impose de contourner la route que nous pensions emprunter... celle-ci étant très peu large sur chaque voie. Nous sommes si gros que ça ??? Bon, d'accord, nous prenons un peu de place... Nous doublons le kilométrage prévu et terminons par 2 heures de piste non indiquée sur la carte. Là, nous sommes heureux... Nous espérons, naïfs, que ce n'est qu'un petit tronçon. Mais non, c'est une piste, en bonne et due forme, jusqu'au bout. La nuit est déjà tombée lorsque nous en sortons. Impossible de rentrer dans Salta à cette heure, nous dormons en périphérie. A 2 heures du matin, Coline nous appelle... Elle n'a pas eu le temps de se rendre aux toilettes... La diarrhée a envahi le lit... On respire et on y va ! Nous sommes chanceux, notre réservoir d'eau est plein ! Ce qui n'est pas toujours le cas... Pour la vraie lessive, il faudra patienter... C'est dans ces cas que nous mesurons la chance d'avoir (à la maison...) une machine à laver sous la main, même en pleine nuit.

Salta est une ville réputée pour les vols et fracturations de véhicules... Jouons la prudence et allons nous garer au camping municipal. Etant toujours hors saison, il y a très peu de monde. Les filles ont les jeux pour elles et une piscine vide démesurée en guise de skate park ! Les trottinettes sont de sortie et elles s'en donnent à cœur joie !

Premiers achats : de la viande et du roquefort ! En Argentine, il y a des barbecues partout. Les Argentins sont de gros consommateurs de viande, qui est succulente. Du poulet et des steaks garnissent nos assiettes pour le dîner. Reconnaissons que nous avons mangé peu de viande depuis le Mexique en raison du manque d'hygiène et de la chaîne du froid inexistante. Ce barbecue ravive nos papilles. Et du vrai fromage ! C'est la fête ! Nous retrouvons aussi le plaisir d'entrer dans une vraie boulangerie, avec du bon pain. Ces plaisirs peuvent sembler simples, mais en voyage ils représentent un luxe non estimable !

Les pistes de ces dernières semaines ont laissé entrer beaucoup de poussière... Nous profitons d'être au camping avec de l'espace et de l'eau pour faire un nettoyage complet de la Brim' ! Nous vidons placards, armoires, soute... trions, jetons, frottons... Il nous faut 2 jours pour rendre la Brimobile étincelante comme au premier jour !!!

A Purmamarca, nous admirons l'oeuvre de Dame Nature, qui, à l'aide de sa palette de couleurs, a laissé libre court à son imagination en dressant la montagne aux sept couleurs. La formation géologique dessine de grandes plaques rocheuses allant du rouge au violet en passant par le vert. Le sentier contourne une colline et le vent se lève avec force. Tous à nos chapeaux !

Nous dérouillons nos jambes en faisant une petite randonnée sympathique, la Garganta del Diablo. Voici quelques temps que nous n'avions pas réellement mis nos mollets à contribution... Cela fait un bien fou ! Les 4 heures nous offrent un joli panorama. Les jeux dans les cascades et le canyon ont raison des filles qui se couchent rapidement après une bonne douche !

En route pour Tilcara, nous passons par le tropique du Capricorne, le second du voyage.

Tilcara est une bourgade touristique mais relativement plaisante. Le soir, nous faisons la connaissance d'une agréable famille française, Christophe, Florence et leurs enfants Hugo et Zoé, en vacances en Argentine. Nous improvisons un dîner dans la Brimobile. Les filles sont ravies de jouer avec Hugo, et heureuses de rencontrer d'autres enfants, une denrée rare en voyage au long cours. Et les parents auraient pu passer la nuit à discuter parce que le courant passe bien ! Mais ce soir, c'est aussi match de foot... Et à 1h du matin, les Argentins traversent la ville la main sur le klaxon, heureux ! Nous nous déplaçons de quelques rues pour retrouver le calme... mais ils passent à nouveau à côté de nous...

En fin de journée, le passage de la frontière se fait rapidement. La ville de La Quiaca ne nous inspirant pas pour dormir, c'est à Pumahuasi que nous établissons notre premier bivouac. Rien de très spécial dans ce village, mais il a le mérite d'être plus calme qu'une ville frontière. Mis à part les plaques des voitures, rien ne laisse à penser que nous sommes en Argentine ! La peau mate des habitants et les logements confirment que le nord du pays est encore une région andine, toujours à 3 000 mètres d'altitude. Le paysage reste aride, dépourvu de végétation mis à part des centaines de cactus.

Notre premier jour en Argentine marque une année de voyage pour la famille ! Un an... A Humahuaca, nous nous offrons un petit restaurant qui n'est pas bien fameux... Le centre-ville est animé et ombragé. Nous parcourons les ruelles quadrillées, colorées. Il fait très chaud. Un grand monument sur l'indépendance surplombe la ville.

Nous abordons notre avant-dernier pays par le nord-ouest où nous ne passons que quelques semaines, l'Argentine étant si immense. Des milliers de kilomètres relient le nord au sud, tout comme l'ouest à l'est !

La fin de l'hibernation gustative

du 05 au 25 août 2015

2 460 kilomètres parcourus

Le coin des enfants

Chroniques de la Brimobile

Canada

En route !

A moi les grands espaces...

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Etats-Unis

Ma romance au pays des cowboys !

En piste...