Nous logeons ce soir dans un hôtel (de passe ???). Nous nous tournons désormais vers notre retour en France et le plaisir de revoir nos proches.
Le lendemain, nous partons chargés et empruntons les transports : un bus puis un car nous déposent à l'aéroport. Les formalités sont rapidement faites. Nous pique-niquons en attendant la préparation de notre avion que nous voyons à travers la baie vitrée. C'est incroyable, notre aventure en Amérique se termine... Quinze mois en arrière, nous arrivions tout juste à Halifax au Canada...
Montevideo... Derniers jours dédiés à faire nos valises et à rencontrer MHSA / Eukor qui se chargera du transport de notre Brimobile jusqu'en Belgique... Des habitants viennent spontanément nous rencontrer et discuter un moment. Nous sommes même invités par une famille à passer le week end pour faire du bateau, du cheval... Nous aurions bien accepté mais nous serons dans l'avion !!! Jusqu'au bout, nous aurons rencontré des locaux adorables.
Vendredi 6 novembre, nous installons la cloison entre la cabine et la cellule puis nous retrouvons Fausto et Sebastian (MHSA) au port. La Brimobile passe au scanner pour vérifier que nous n'emmenons ni drogue, ni clandestin... En arrivant aux douanes, nous nous apercevons que nous avons oublié nos passeports à l'hôtel où nous avons déposé nos sacs de voyage... Heureusement, Fausto et Sebastian connaissent bien leurs interlocuteurs et les formalités se déroulent avec la photocopie des passeports que nous leur avions transmise par mail. La Brimobile prend ses quartiers au port, sous les caméras et devant le poste du garde. Derniers contrôles, poses de scellés sur toutes les ouvertures. Pincement au cœur de laisser seule celle qui nous a transportés au bout de notre rêve... Nous montons en voiture pour sortir du port, nos visages se tournent vers notre Brimobile que nous retrouverons à Anvers. L'itinéraire que nous nous étions fixé est maintenant bouclé.
Contrairement à l'Argentine, l'Uruguay est un tout petit pays. Un saut de puce et nous nous retrouvons à Colonia, ville qui a conservé un certain attrait. Dans la rue, nous voyons un camping-car français. Toc toc toc... et nous faisons la connaissance de Gaël et Audrey qui ont voyagé avec Virginie et Pierre (Ensemble autrement au bout du monde) avec lesquels nous sommes en contact par mail et que nous comptons bien rencontrer à notre retour. Le monde est vraiment tout petit ! Nous passons une chouette soirée ensemble. Dans la nuit, ils prennent le ferry pour l'Argentine... A bientôt !
Dernier passage de frontière... L'Uruguay... Ca fait drôle... Peu après la frontière, nous bivouaquons dans un parc tranquille à Las Canas. Nous y passons 3 nuits et effectuons un grand rangement-nettoyage de la Brimobile. Nous trions les vêtements aussi... Hop ! Poubelle ! Un couple belge et un couple anglais se joignent à nous. Un jour, une école uruguayenne vient prendre le goûter dans le parc et inclut nos filles avec beaucoup de gentillesse. Les enfants sont curieux de ce que nous faisons ici et nous posent de nombreuses questions. Quel échange encore une fois !
Les milliers de kilomètres en Argentine nous ont fatigués et nous ne sommes pas très motivés pour entrer dans la ville tentaculaire de Buenos Aires. Tant pis pour le tango... Nous contournons donc la capitale et visitons la petite ville de San Antonio de Areco ainsi que le musée Ricardo Güiraldes dédié aux gauchos et à la vie quotidienne à la campagne. Nous louons des vélos, activité que nous n'avons pas faite depuis si longtemps ! Il n'y a pas de vélo à la taille des filles, alors elles s'installent sur le porte-bagage et s'amusent ! Nous dormons sur le parking du musée. La pluie et l'orage s'abattent dans la nuit, déversant des quantités d'eau incroyables. Céline, qui n'arrive plus à dormir en raison de la pluie qui claque fortement sur le toit, scrute par la fenêtre le niveau d'eau qui monte dans la petite rivière attenante et imagine des scénarios au cas où il faudrait évacuer... Ce serait quand même bête d'être inondés... Tout rentre dans l'ordre le lendemain.
Au bout d'une semaine, il faut bien lever le camp... Il nous reste 15 jours et 2 000 kilomètres avant le grand retour. Dernière ligne droite. Dans nos têtes défilent, comme d'une bobine de film, le chemin parcouru, les personnes rencontrées, les paysages traversés. Autant de souvenirs, d'anecdotes, de difficultés aussi.
Nous dormons une nuit près des falaises de Balneario el Condor afin de voir les perroquets qui nichent ici. L'endroit est très venteux à cette période.
Le plus dur ensuite est de mettre les enfants à l'école... Nos yeux sont attirés vers la fenêtre, au cas où un saut de baleine se produirait au loin. A compter de ce jour, des voyageurs francophones arrivent régulièrement. Cela fait longtemps que nous n'en avons pas croisés. Un campement s'installe et nous échangeons beaucoup. D'autant que nous sommes les seuls à terminer notre voyage, les autres arrivant tout juste de Montevideo ou Buenos Aires. Nous transmettons ce que nous avons appris et expérimenté, tant au niveau pratique que pour la sécurité. C'est à ce moment que nous réalisons que nous avons "sacrément voyagé" ! Nous qui étions dans leur situation 15 mois auparavant... totalement novices... C'est l'occasion de partager de bons apéros, un barbecue, et pour les enfants de jouer ensemble, imaginant des mondes incroyables et utilisant les jeux à disposition, à savoir la nature ! Fait rigolo, trois paires de jumeaux comptent parmi les enfants !
Dernier rendez-vous du voyage : les baleines ! En prolongeant notre voyage de 3 mois, nous terminons notre boucle par une semaine à la péninsule Valdes, à la période où les baleines mettent au monde leurs petits avant de partir parcourir mers et océans ! Petite erreur d'aiguillage le premier jour... Nous entrons dans la péninsule et payons le droit d'entrée. Nous posons nos roues à Punta Pardelas. Suprise ! Nous faisons la connaissance de Marion et Daniel qui habitent à... moins de 20 km de chez nous ! Le monde est tout petit. Par contre, nous voyons peu de baleines, un brin de déception. Marion et Daniel nous indiquent la playa Canteras qui est à l'extérieur de la zone payante et accessible par la ville de Puerto Madryn. Seulement 12 kilomètres de piste depuis la ville et nous atteignons la plage où nous sommes seuls. La météo est capricieuse et le vent souffle très fort. Les baleines restent au large et ne se montrent pas. Dès le lendemain matin, à marée haute, elles sont au rendez-vous ! Et là, c'est le show des baleines !!! Elles passent lentement avec leurs petits et longent la plage à quelques mètres seulement, dévoilant progressivement leur tête puis leur dos, parfois leur queue. Le sourire aux lèvres, nous assistons au spectacle pendant 1h30.
De belles découvertes animalières nous attendent et nous nous en réjouissons ! Punta Tombo abrite quelques mois par an la plus grande colonie de manchots de Magellan, 200 000 couples ! Nous nous engageons sur les 20 derniers kilomètres (de piste) qui mènent à l'entrée, espérant dormir sur le parking pour la nuit. Coup de chance, le gardien vient rapidement nous voir et nous autorise à bivouaquer là. Nous entendons au loin les cris des manchots qui ne nous perturbent pas pour dormir. Le lendemain matin, rapidement prêts, nous sommes seuls dans la réserve naturelle à cette heure. Nous marchons tranquillement et observons les premiers animaux. Quelle cacophonie ! Mais comme ils sont mignons ! L'émotion nous saisit. Spectateurs de leur quotidien, nous nous faisons discrets et regardons avec attention leur mode de vie. Cet animal est fidèle en amour et revient tous les ans dans le même nid. Le mâle, autant que la femelle, couve les œufs. Ils partent à tour de rôle pêcher ou ramènent des brindilles pour entretenir leur nid. Les manchots nous surprennent et nous font rire ! Alors que nous revenons de notre balade, des cars de touristes débarquent... Lors de notre seconde promenade dans l'après-midi, il y a bien plus de monde. Les manchots ne traversent plus le petit chemin réservé aux visiteurs, ils se tiennent à l'écart. Nous avons bien profité du début de matinée et nous en gardons un excellent souvenir.
Alors nous continuons. Cap au nord ! Nous ne devrions pas nous tromper, nous empruntons la route 3 qui file tout droit, tout droit... tout droit ! Un peu ennuyeuse dans l'ensemble, elle reste confortable malgré tout et nous permet d'avaler les kilomètres à une vitesse record (comparée à notre moyenne au cours du voyage...). Puerto San Julian est une petite ville côtière où se trouve une réplique du bateau de Magellan. Un peu d'histoire... Magellan, accompagné de 237 marins et 5 bateaux, a traversé l'Atlantique et découvert en 1520 le célèbre détroit qui porte son nom (en Terre de Feu). Nous visitons le bateau qui n'était pas plus grand qu'une coquille de noix pour l'époque, il fallait avoir la foi pour s'engager sur l'océan... Et nous rencontrons Jean-Pierre, qui vient toquer à notre porte ! Nous sommes heureux d'échanger avec lui sur ses différents voyages.
Pour finir en beauté, nous visitons le lendemain le Glaciarium, un musée expliquant la création des glaciers, évoquant les expéditions des hommes, mais aussi d'autres sujets relatifs à la Terre.
La Brimobile ne foulera pas la terre d'Ushuaia, trop de kilomètres supplémentaires, manque de temps. Allez, c'est reparti ! 320 km sont nécessaires pour rejoindre Rio Gallegos, une grande ville située au sud-est de la Patagonie, laissant derrière nous la "ruta 40" qui est le fil conducteur à l'ouest de l'Argentine, du nord au sud. Cette ville est simplement une étape pour nous. Elle est assez grande et, admettons-le, sans charme...
Malgré tout, nous avons constaté lors de la dernière vidange que nos pneus avant étaient un peu usés sur l'intérieur. Encore une fois, un Argentin nous aide, emmenant Franck à bord de son pick-up pour sillonner plus rapidement la ville et dénicher la bonne taille de pneus. Sans succès. Plutôt que de changer de taille, nous préférons continuer ainsi, sachant que nous avons nos deux roues de secours, et croiser les doigts pour qu'aucun n'éclate sur les quelques milliers de kilomètres qui nous restent... Nous vivons désormais nos dernières semaines en voyage et réalisons à quel point nous relativisons bien plus qu'au début du parcours ! Seule une panne mécanique retardant notre retour nous inquiéterait à ce stade. Changer les billets d'avion... Changer la date du cargo... Faire venir des pièces pour réparer... Bof...
Le temps passe et nous espérons que le glacier lâchera un énorme morceau... Il craque, il grogne, des bruits sourds se font entendre de toutes parts. Craquera ou craquera pas ? Le parc ferme bientôt ses portes. La mine un peu déçue, nous nous préparons à partir lorsque... ça craque... ça craque... ça CRAAAAAQUE !!! Nous éclatons de joie et admirons le spectacle. Quel moment magique ! Cris de victoire, nous l'avons vu ! Désormais, un nouvel iceberg glisse lentement dans le lac et s'éloigne.
Après nous être restaurés et habillés chaudement cette fois-ci, nous parcourons toutes les passerelles en bois qui nous mènent d'un point de vue à un autre. A l'affût de la chute d'un morceau de glace tombant dans un bruit assourdissant, nous guettons... Ce glacier avance d'environ 2 mètres par jour, incroyable à notre époque de réchauffement climatique. Un grand silence règne entre deux chutes de glace. Les filles ont emmené leurs calepins et dessinent avec plaisir le glacier et les oiseaux.
Bien entendu, après une journée loisirs, il y a aussi des "obligations"... Depuis Bariloche, les pluies battantes fragilisent la Brimobile et une fuite est réapparue... Nous voici donc perchés sur le toit, face au mont Fitz Roy, avec un pistolet de silicone à la main ! Tous les joints y passent, de façon à être tranquilles une bonne fois. Après le toit, Franck se glisse sous la Brimobile pour la quatrième et dernière vidange du voyage.
Etape suivante, le glacier Perito Moreno ! Un petit coup d'oeil à la carte... Ca ne semble pas très loin au vu de la taille de la carte... mais c'est tout de même à 300 km... ! Nous commençons à peiner sur les distances toutes plus longues les unes que les autres. C'est aussi cela l'Argentine, un pays tellement grand qu'il faut beaucoup rouler pour atteindre les points intéressants. Après un plein de courses à El Calafate, nous filons aux portes du parc national du glacier. Nous ne sommes pas autorisés à entrer dans le parc pour la nuit, aussi nous nous garons sur un petit espace de la taille de notre maison roulante.
Le grand jour est arrivé ! La famille est très impatiente de découvrir ce monstre de glace. Après nous être acquittés du droit d'entrée (qui a doublé en un an et demi...), nous longeons le lac sur 28 km et apercevons quelques gros glaçons dans l'eau. De loin, nous distinguons un peu le glacier. Nous trépignons d'excitation, désireux de le voir en grand, tels des gourmands devant une vitrine de pâtisseries ! Simplement habillés d'un pull chaud, d'un bonnet et d'une écharpe, nous sommes dans les premiers à fouler les passerelles menant au plus près du glacier. Rapidement, la réalité nous rattrape : il fait très froid !!! Et nous n'avons pas pris notre petit-déjeuner...
L'endroit est calme hors saison. Même si l'altitude n'est pas très élevée, nous confirmons qu'il fait assez froid... La Brimobile pose ses roues au départ du sentier du mont Fitz Roy et s'offre une pause bien méritée. Pendant deux jours et après l'inévitable école le matin, nous nous baladons dans la petite ville et randonnons dans le massif jusqu'à apercevoir la laguna Torre. Les points de vue sont remarquables sur le Fitz Roy, les pics Torres et le glacier. Une auberge de jeunesse nous propose de prendre une bonne douche pour quelques pesos. Voilà de quoi terminer une belle journée !
Lorsque nous empruntons la route qui mène à El Chalten, à 90 kilomètres, nous sommes très chanceux. Le soleil illumine le mont Fitz Roy et le mont Torres. Ces montagnes bien connues des alpinistes (euh... plutôt des andinistes !) sont régulièrement cachées dans les nuages. Nous les admirons face à nous, nous extasiant devant leur beauté, tout en longeant le sublime lac Viedma.
Nous nous engageons sur les routes de Patagonie, sous la pluie battante, longeant au loin la cordillère. En cinq jours, nous parcourons les 1 600 kilomètres qui nous séparent du glacier. Ecole le matin, route l'après-midi. Les paysages changent et deviennent plus désertiques. Le vent souffle fort, nous faisant faire une petite embardée à quelques occasions. Les guanacos (comme des alpagas) sont libres. Notre chemin croise aussi celui des tatous. Nous suivons les nuages qui se forment et se déforment. Les heures passent et laissent libre court à notre imagination. Dernières semaines... Et après ? Nous discutons beaucoup. Des projets. Des envies. Des idées. Mais pour l'instant, nous sommes encore en voyage, alors profitons-en !
Nous revoici sur les routes d'Argentine, pour la dernière ligne droite. A peine entrés, nous déplions la grande carte. Il nous reste 6 semaines, jour pour jour avant de nous envoler vers la France. Des choix s'imposent sur notre itinéraire... Les membres de la famille passent au vote et à l'unanimité, c'est le glacier Perito Moreno qui l'emporte sur les chutes d'Iguazu. Les filles sont préparées, des milliers de kilomètres nous attendent. La Brimobile souffre de quelques maux depuis le Chili... Tiendra-t-elle jusqu'au bout ?
A l'ouest de la Patagonie, peu de villes ou villages. Lorsque nous demandons à un habitant où se situe la prochaine ville, pensant naïvement que, peut-être, notre carte détaillée ne les précise pas tous, il nous répond : à 220 kilomètres ! Eh bien on y va alors, parce qu'on n'est pas arrivés ! Lorsqu'en France certains villages se dépeuplent, ici des lotissements neufs sortent de terre, même dans des lieux assez isolés. Quelques milliers d'habitants ici ou là et ils ont tout pour vivre.
La route est bien asphaltée sur la majeure partie de ce tronçon. Seuls 70 kilomètres sont en ripio (piste). Il nous faut 3 heures pour les franchir. Une bagatelle comparée à d'autres voyageurs qui, seulement quelques années en arrière, ont eu à parcourir 700 kilomètres de piste...
Un p'tit dernier pour la route !
du 26 septembre au 7 novembre 2015
6 297 kilomètres parcourus
L'aventure, c'est ouvrir de nouvelles portes, la bouche fermée
et les yeux grands ouverts... (B. Kingsolver)