Là, pour le coup, j'ai pris un bon bol d'air à Hierve El Agua ! Le temps est couvert mais la vue reste splendide, pas un bruit. Après cette petite pause, je suis prête pour la suite de l'aventure !
Destination suivante, au bord du Pacifique ! Je vais enfin revoir la mer et laisser derrière moi les montagnes et les villes coloniales, je vais pouvoir prendre du bon temps. J'essaie de sentir l'air iodé quand tout à coup mes globe-trotteurs s'arrêtent pour acheter des fruits et légumes. Et moi, est-ce que je m'arrête net devant une station service ? Non, Messieurs-dames, j'attends d'avoir vraiment soif... Bref, je m'arrête puis on me demande la direction du lac qui borde la ville ? Eh bien j'en ai vu des rues en sens interdit, des rues en labyrinthe, des rues en terre qui mènent nulle part... Un concentré pour le même prix ! Après une demi-heure d'errance, je jette l'éponge lorsqu'une vieille familiale rouge s'arrête à ma hauteur. La plage ? Suivez-moi ! C'est ce que je fais, rassurez-vous ! Arrivée au bord du lac et avant de me quitter, elle propose de revenir me chercher dans 2 heures histoire que je me prélasse. Elle est chou ! Même pas besoin de trouver un bivouac, le rêve ! Je reste deux jours, c'est un plaisir. Pour le départ, toute la famille est à son poste pour saluer les hôtes d'un jour, enfin de deux !
Aujourd'hui, ma route est longue... Après 8 heures presque sans m'arrêter, j'arpente, je sillonne, je tourne en rond dans les rues de Chiapa de Corzo... Au bout d'un moment, je les entends me dire : "Tout droit jusqu'à San Cristobal !". Eh oh les cocos ! Laissez-moi souffler un peu !
Le lendemain, en sortant de cette ville, la route devient de plus en plus sinueuse. Je suis d'humeur maussade, comme le temps... Je suis au beau milieu de la jungle, je croise beaucoup moins de véhicules. Je vois même un drôle d'attelage que je n'avais encore jamais vu : deux bœufs tirant une lame énorme pour retourner la terre. Des adultes et des enfants portent de lourds fardeaux sur leur dos. Cette région que je traverse me questionne. Ne sommes-nous pas en 2015 ?
Beaucoup de temps à rouler sans avaler énormément de kilomètres... Je m'endors au bord d'une Pemex entre des gros trucks aux moteurs encrassés et une rue bruyante... Le pied quoi ! Fort heureusement, j'arrive à Agua Azul, toujours sous la pluie, après avoir enchainé quelques lacets au passage... Je suis accueillie par une horde de policiers, respect Messieurs !
Ah le Chiapas ! Mais où est le soleil ??? Ces derniers jours, le mauvais temps me poursuit. En arrivant sur Palenque, je pensais en avoir fini avec la pluie. Eh bien non... en prime, j'ai le brouillard ! Remarquez, cette brume apporte un petit goût intrigant. Ca, c'est l'aventurière qui parle !
En quittant Palenque, miracle ! Une route droite et sèche ! Je retrouve l'océan, le climat change, tout comme les maisons et les couleurs. Les filles en profitent pour sortir leurs trottinettes de ma soute, quelle énergie ! Quant à moi, j'ai besoin d'un bon remontant... Et dire que je dois encore retourner dans les terres avant de rejoindre la côte Caraïbe... Un petit effort ma vieille !
Au revoir Campeche ! Bonjour Tulum ! Sur la route principale de Tulum, je croise tout à coup ma jumelle. Non ! C'est pas possible ! C'est peut-être un mirage, l'épuisement aidant... Déterminée à en avoir le cœur net, je fais demi-tour. Le mirage se transforme en réalité : une Rimor modèle 2001 avec à son bord des Français ! J'entends l'euphorie dans l'habitacle. Il faut dire que les enfants n'ont pas vu de voyageurs depuis un mois... Après quelques échanges, chacun vaque à ses occupations. Pour nous, c'est baignade, baignade, baignade ! Je rêve, bercée par le bruit des vagues... Je sors tout à coup de mon état, un MAN se gare devant moi. Un baroudeur, voilà 5 ans qu'il sillonne les routes du monde ! Il se fait appeler "Martin autour du monde".
Le lendemain, nous décidons d'établir notre bivouac au sein de la réserve de Sian Ka'an. Ayant besoin de trouver de l'huile pour ma vidange, nous nous retrouverons un peu plus tard.
Après mes petites emplettes, je pénètre dans la réserve. Je vois au loin des trous disséminés un peu partout. Je me dis que ce n'est qu'un passage. Après plusieurs minutes qui se transforment en heures et des centaines de trous, je n'ai avancé que de 15 km... Je me retrouve face à une pelleteuse et des cratères remplis d'eau de couleur grise... Il est tard, je n'arriverai pas à atteindre mes amis. Je m'installe pour la nuit quand une moto vient à notre rencontre. C'est l'un des occupants de "Martin", Fred, qui vient nous chercher. On plie bagages et je roule tranquillement dans l'eau. De toute façon, je n'ai pas le choix, les trous font la largeur de la route et la profondeur atteint la moitié de mes roues. Puis j'arrive au milieu de palmiers, face à la mer et à côté des copains. Je n'ai plus envie de bouger !!!
Pour le coup, j'aurais mieux fait de me taire... Voilà 24h que je suis bien mais maintenant il faut repartir. Mon moteur ronronne comme un chat mais j'ai beau partir dans les tours en avant, en arrière, rien n'y fait. Au secours ! Sortez-moi de là ! C'est un cauchemar ! Au bout de deux jours, Franck et des mécanos me délivrent de mon piège : la boue ! Elle a collé les freins aux tambours. Ils en profitent pour inspecter mes segments de freins qui sont usés. Soit, je vous suis cher Monsieur ! Allons au garage ! Quel bonheur de rouler !
Mes globe-trotteurs me laissent chez mon docteur pour changer mes freins. Je vais être toute neuve ! Le hic, c'est que comme je suis Européenne, ils n'ont pas mon modèle. Ils essaient bien avec d'autres mais jettent mes anciens... C'est ainsi que je suis depuis 3 semaines les fesses en l'air, à attendre mes nouveaux segments de frein venant d'Europe.
D'accord, ils sont aux petits soins pour moi : branchée sur le 110V, eau à volonté, wifi pour mes globe-trotteurs. Mais là, je suis au point mort. Vivement que ça roule pour moi...
Comble de l'histoire, après maintes et maintes péripéties comme le racontent si bien mes globe-trotteurs, voilà qu'ils sortent le paquet reçu de Rockauto. Mais... Mais ? Qu'est-ce que c'est ? Les mêmes segments de freins. Certes, ils sont propres et neufs. Pourtant je ne cessais de leur dire que les miens n'étaient pas usés... Mais ils ne me comprenaient pas... ! En même temps, comment les convaincre que tout allait bien après leur inquiétude quand je ne roulais plus ?
Je me retrouve enfin sur mes quatre roues, il me tardait de fouler à nouveau l'asphalte ! Direction le Bélize, un marathon m'attend pour rattraper le retard...